Allocation des enseignants au Bénin : 20% du crédit horaire dû et non remboursé
Les stratégies de résorption du déficit
d’enseignants et de gestion efficiente du crédit horaire ont fait l’objet d’une
communication lors de la revue sectorielle de l’éducation au Bénin 2013.
« Il y a 3040 enseignants qui sont payés et qui
ne font pas le travail pour lequel ils sont payés ». C’est le point que
fait le Directeur de la Planification et de la Prospective du Ministère en
charge des Enseignements Maternel et Primaire (DPP/MEMP), Mohamed Aboubakari. « Globalement
20% du crédit horaire dû aux élèves ne leur sont pas rendus (crédit non reçu) »,
avait précisé Houssou Vidjinnangni, membre du Secrétariat Technique Permanent
du PDDSE. Il a présenté aux participants de la revue 2013 du secteur de
l’éducation les problèmes liés à l’allocation interne des enseignants au Bénin
et les stratégies de résorption du déficit.
« Ces heures qui ne sont pas couvertes, ce sont
des connaissances que les élèves ne reçoivent », a déploré Florentine
AKOUETE-HOUNSINOU, chargé de programme Education et Formation à la Coopération
Suisse. Selon le communicateur, diverses raisons justifient cet état de chose.
Entre autres la mauvaise répartition des personnels existants entre les
établissements. « Je donne les chiffres d’un collège, le Collège
d’Enseignement Général d’Akassato. Le quota horaire dû est de 1783 heures.
Celui attribué est de 1504 heures soit un gap de 279 heures non attribué. Les
autorités ont donné moins d’heures parce qu’il n’y a pas de salles de classes
et il n’y a pas assez d’enseignants », a révélé l’inspecteur NKOUE.
Stratégies
de résorption du déficit
Le diagnostic du secteur a révélé des points faibles
dans l’allocation et la gestion des enseignants. Ces points sont relatifs
à la forte disparité dans les allocations. La forte politisation du
système. La forte utilisation des heures de vacations au secondaire. Et la
faible représentativité des enseignantes.
Le PDDSE actualisé prévoit réinstaurer le
recrutement sur poste. Pour Houssou Vidjinnangni, ce qui a été fait sera évalué
et on y apportera des corrections. Réaliser une étude sur les différents modes
de recrutement et de gestion des enseignants par les communes. Actualiser les
textes sur la gestion des enseignants en renforçant le système de barème. Auditer
l’utilisation des heures de vacation dans le secondaire. Responsabiliser
davantage les structures déconcentrées pour opérer les ajustements nécessaires
dans l’allocation des enseignants. Déconcentrer l’inspection dans le secondaire.
Informatiser la gestion des personnels. Réguler la représentativité syndicale
(organisation des élections professionnelles). Respecter le principe de ne
payer que les heures travaillées.
« Il va falloir qu’on puisse gérer correctement
ce que nous avons afin de présenter au gouvernement le nombre exact
d’enseignement dont nous avons besoin », a conclu le DPP/MEMP.
Quelques
propositions des participants
« Nous sommes arrivés à un niveau où nous
devons engager des réformes audacieuses,…c’est le moment de rectifier le tir… Si
nous n’apportons pas des réformes, ns risquons de mettre en péril tout
l’investissement que nous sommes en train de mettre en place
actuellement ». C’est la suggestion faite par l’inspecteur Kouton face au
diagnostic peu rassurant de l’allocation des enseignants. Il a proposé que soit
donnée aux chefs de circonscription scolaire la main libre pour gérer la
répartition des enseignants dans leur circonscription.
Pour Flore GANGBO, première vice présidente du
Conseil National de l’Education (CNE), il faut utiliser le mécanisme de
persuasion et réduire le pouvoir d’argent et des relations
interpersonnelles dans l’allocation des enseignants. Pour une meilleure gestion
du crédit horaire, il a également été proposé la « trimestrialisation »
de l’année scolaire comme dans les établissements privés. Ida TOKPO MEDALI,
chargé des programmes et des relations institutionnelles à Aide et Action
Bénin, a proposé qu’un bilan clair du nombre d’enseignants existants, du nombre
de salles de classes existants, du nombre d’heures de cours selon chaque sous
secteur et du gap soit fait pour permettre de maitriser la situation et de
satisfaire le besoin.
Par
Ablawa BOKO
(Réalisé en Mai 2013 pour Education Tribune)
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