Résidences universitaires : L’autorité octroie, les étudiants revendent


Par Ablawa BOKO 

Le centre des œuvres universitaires et sociales (Cous) est, dans les deux universités publiques du Bénin, l’autorité en charge de l’attribution des résidences universitaires aux étudiants. Mais après l’attribution officielle, la résidence peut changer de locataire. Une autre transaction qui se fait entre étudiants et dont les règles dépendent uniquement des étudiants.

« Pour avoir la cabine (résidence universitaire) quand tu n’as pas ton nom sur la liste définitive publiée (la liste de ceux qui ont droit à une cabine), il faut payer la cabine ». Payer une cabine ? Sur quel marché et auprès de qui ? « Il faut négocier avec un ami qui a déposé le dossier et dont le nom est sorti mais qui ne veut pas de la cabine » affirme Habib étudiant à la Flash et résident sur le campus universitaire d’Abomey-Calavi. « Oui, c’est réel, il y a des gens qui revendent les cabines qu’on leur octroi » confirme Ginette, elle aussi étudiante et résident en cabine. Habib affirme avoir eu la possibilité de résider en cabine par le biais d’un ami. Il explique qu’il a déposé un dossier comme tout demandeur de résidence. Son dossier n’ayant pas été retenu par le centre des œuvres universitaires et sociales (Cous), il a fallu que ce soit une autre personne qui lui concède la cabine où il réside actuellement.

Les résidences universitaires construites sur les campus des universités publiques au Bénin sont gérées par le Cous et octroyer à tout étudiant ayant rempli les formalités. Sur le campus d’Abomey-Calavi, le nombre de demandeurs excède largement l’offre. Très peu d’étudiants sont acceptés dans les résidences. Les autres se contentent de crier à la magouille ou d’espérer être retenu l’année scolaire suivante. Mais à côté, il y a ceux qui rachètent les cabines.

« Oui le phénomène a toujours court » affirme Victor B. Ancien résident en cabine et ancien membre de la commission d'attribution des cabines en tant que 1er vice président de l'Union Nationale des Etudiants du Bénin (Uneb) il explique le phénomène. « Les étudiants ou étudiantes font la demande mais pour certaines raisons ne veulent plus vivre en cabine or la liste est connue. Ils cèdent alors les cabines à d'autres étudiants avec qui ils négocient. La quittance porte le nom de l’occupant légal mais en réalité c’est une autre personne qui occupe le lit ». Mais à côté de ceux qui cèdent les cabines à cause de raisons personnelles, Victor B. parle aussi des étudiants de mauvaise fois qui le font avec l'esprit mercantile. « Ils savent qu’ils ne vont pas séjourner en cabine, en font la demande parce que maîtrisant telle ou telle personne pouvant les aider à obtenir facilement la résidence. Et après publication des noms ils revendent tout simplement la cabine pour en tirer des bénéfices ».

Le second locataire paie plus cher

« En faite ceux qui revendent les cabines les revendent plus chère : 40.000, 45.000 voir 50.000Fcfa » déclare Antoine étudiant sur le campus d’Abomey-Calavi. Selon ce dernier, les résidences sont octroyées par le Cous à 21.000Fcfa. Ce que confirme Habib pour qui l’important ce n’est pas ce que lui a coûté la cabine même si cela dépasse le prix normal, mais l’important c’est d’avoir eu une place en résidence sur le campus. « Il (l’étudiant qui m’a laissé sa cabine ndlr) ne me l’a pas revendu. Il ne voulait plus rester en cabine et il me l’a laissé à 25.000fcfa contrairement à certains qui paient 45.000fcfa ».

« C’est devenu du commerce » précise Victor B. Et pour cet ancien membre de la commission d’attribution des cabines, c’est une situation face à laquelle l’autorité n’y peut rien. « C'est une manœuvre frauduleuse qui engage le titulaire du lit (celui dont le nom est connu). Normalement ces étudiants qui ne veulent plus de la résidence qui leur est octroyé devraient désister tout simplement. Mais ils procèdent ainsi pour aider un proche qui n'a pas eu cette chance ou pour gagner de l’argent ». Selon ses explications, la commission a pour rôle de statuer sur les dossiers de demande. « Les responsables étudiants par le biais des structures décentralisées telles que le Code à l’Uneb et le Bdcr à la Fneb (Fédération Nationale des Etudiants du Bénin), ont en revanche une approche de veille pour éviter cet état de chose. Quant au Cenou maintenant Cous (avec le chef cité) son rôle est de renforcer le contrôle ». Le contrôle du chef cité et le regard vigilant des structures décentralisées des syndicats du campus devraient donc permettre de pallier à ce phénomène mais dans un contexte où on a tendance à fermer les yeux sur tout, le phénomène prospère. « En fait tous sont moins regardants sur le sujet » fait remarquer Victor B. Moins regardant sur le sujet, et en attendant les étudiants se transforment en démarcheurs ou en propriétaires de résidences universitaires.

Commentaires

  1. Merci pour votre visite sur mon blog.
    Votre blog aussi n'est pas mal avec plein de couleurs!!!! très attrayant!!!

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